Rapports avec l’Église

Dans la période qui a précédé immédiatement le concile Vatican-lI, les rapports avec l'Église catholique ont fait l'objet de plusieurs travaux de loges. Teilhard de Chardin y a été étudié avec intérêt et sympathie. Mais, pour la plupart des francs-maçons, la "vérité" de l'Église, c'est le dogme romain. Tout ce qui mûrit dans l'Église en contradiction avec la discipline romaine déconcerte et irrite. "On ne peut pas être à la fois Dom Helder Camara et Mgr Lefebvre", dira un jour un grand-maître, tandis qu'un autre nous confiera : "Nous préférons avoir à affaire à une Église intégriste qui sanctionne l'hérésie qu'à une Église libérale qui ne nous permet plus de savoir qui est qui." La composition des instances suprêmes des obédiences ne traduit pas exactement le changement qui s'est produit dans le recrutement sociologique des loges. Pour être candidat aux responsabilités, il faut avoir du temps et jouir d'un minimum de sécurité professionnelle, qui restent le privilège de la fonction publique. Avant guerre déjà, les leaders du régime, trop occupés par leurs fonctions, avaient rarement de hautes responsabilités dans leur obédience. Il y a eu des exceptions, celle par exemple de Camille Chautemps, à la fois 32e degré (influent sublime prince du royal secret) et chef du gouvernement, qui reçut à ce titre la plus haute décoration vaticane. Mais rares furent les grands ministres dans la haute hiérarchie maçonnique. A la tête des obédiences, il y a eu depuis la guerre des hommes de qualité et (ce qui relativise notre observation) des personnalités ne jouissant pas dans leur profession de la sécurité du fonctionnaire, qu'ils fussent, pour nous en tenir à ces dernières années, peintre et sculpteur comme Fred Zeller, ou ingénieurs et cadres dirigeants de l'industrie comme Georges Marcou ou Roger Leray. Plusieurs grands-maîtres ont eu aussi des mandats électifs dans des assemblées locales ou départementales, mais ils ont joué dans l'arène politique un rôle mineur. On ne verra pas en France une même personnalité, à la fois grand-maître et Premier ministre. Et cela, non seulement parce que les journées n'ont que vingt-quatre heures, mais pour une raison qui tient à l' éthique même. Cette règle, M. Jacques Mitterrand la définissait ainsi en juin 1976 : "La franc-maçonnerie n'est pas au-dessus des partis politiques, mais au-delà. Elle n'a pas l'habitude de parler en public mais quand l'heure est grave elle fait entendre sa voix [...] le Grand-Orient de France ne sera jamais l'arrière-boutique de 1'Elysée."

Un franc-maçon est libre de ses options, à condition de les prendre à titre personnel. Ainsi certains députés francs-maçons ont pu voter en 1960, à titre personnel, les lois dites antilaïques sans être sanctionnés. En revanche, lorsque Guy Vinatrel (GODF) a invité les francs-maçons à manifester en 1960 contre la présence à Paris du chef du Kremlin, N. Khrouchtchev, le Grand-Orient, dans un communiqué, a dénié toute valeur à cette prise de position. De même, plus récemment, Fred Zeller et Jean-Pierre Prouteau, anciens grands-maîtres, ont été rappelés à l'ordre pour des déclarations qui risquaient, mal interprétées, d'engager l'obédience. Il existe aussi des circonstances tout à fait exceptionnelles où l'autorité maconnique lance un "mot d'ordre" qui oblige personnellement chaque maçon, sous peine d'exclusion. Il n'y en a eu qu'un au Grand-Orient depuis la Libération. Il concernait la "défense républicaine" au moment du retour au pouvoir du général de Gaulle, en mai 1958. Dans quelques cas (également rares), le Grand-Orient a pris publiquement position sur des questions qui n'étaient pas, comme la "laïcité", de pure doctrine, mais qui se rapportaient à des décisions de caractère gouvernemental. Ainsi, le 24 janvier 1960, le Conseil de l'Ordre du GODF a adressé au général de Gaulle, président de la République, un "message" pour le soutenir dans sa défense de la politique algérienne d'autodétermination. Le "feu vert" avait été donné pour l'envoi de ce message par les loges de la ville d' Alger qui rassemblaient les Français libéraux. De même, le Grand-Orient s'est félicité de "l'heureuse issue du conflit" conclue par les accords d'Evian. D'autre part, si les déclarations de dignitaires qui risquent d'engager leur obédience sont proscrites, les initiatives qui ne font pas courir ce risque sont admises, celles par exemple du cercle Ramadier, déjà cité, ou d'autres amicales maçonniques. Exemple: l'amicale nationale radicale-socialiste réunie à Vichy le 29 septembre 1962, à l'occasion du congrès au cours duquel Gaston Monnerville lança contre le Premier ministre Georges Pompidou l'accusation de "forfaiture". Cette amicale, sous la présidence de Michel Soulié ancien ministre, adopta à l'unanimité une motion s'élevant contre le caractère "plébiscitaire" du référendum annoncé et lança un appel en faveur du "non".

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