REVISTA TRIPLOV
de Artes, Religiões e Ciências


Nova Série | 2011 | Número 18

   

 

1908… la France entière se passionne pour les aventures d’un héros dont les exploits sont publiés, sous forme de feuilleton, au sein de la luxueuse revue de Pierre Lafitte : Je sais tout. Ce héros, moitié milord, moitié arsouille, qui cambriole les demeures bourgeoises, les cœurs féminins et même l’Histoire de France s’appelle Arsène Lupin. L’auteur, Maurice Leblanc, est né à Rouen, en 1864. Il a quitté sa ville natale, mène la vie de bohème, fréquente le cabaret du Chat Noir en rêvant d’écrire des romans psychologiques à la façon de Maupassant. Il ne le sait pas encore, mais le destin en a décidé autrement.  De 1905, à sa mort, en 1941, semblable à un galérien attaché à son banc, va produire des Lupin, devenir riche et passer à la postérité. En cette année 1908, Lupin a dévalisé les musées nationaux et entreposé les trésors volés au sein de la falaise d’Étretat. C’est du moins ce que peuvent lire  les lecteurs de Maurice Leblanc dans L’Aiguille creuse. Arsène Lupin a même osé s’emparer du chef-d’œuvre de Leonard da Vinci : La Joconde.

EDITOR | TRIPLOV

 
ISSN 2182-147X  
Dir. Maria Estela Guedes  
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RICHARD KHAITZINE

Le Vol de la Joconde

                                                                  
 

La disparition de Monna Lisa.

Parfois, la réalité dépasse la fiction.  Paris, le 23 août 1911… Un odieux kidnapping fait la une des journaux. La victime ? La femme la plus célèbre du monde : Monna LisaLa Joconde ! La Presse s’en donne à cœur joie. Il y a même des petits malins qui ironisent et prétendent que c’est un coup d’ Arsène Lupin. Le 8 septembre la police annonce l’arrestation d’un suspect, un « étranger » affublé d’un nom « à coucher dehors » un certain Kostrowitzky. En réalité, il est plus connu sous son nom de plume : Guillaume Apollinaire. Il n’est pas le seul à être inquiété par la police et son ami Picasso est soupçonné également. Ce quiproquo trouve son origine dans la générosité du poète. Il a pris à son service Géry-Pieret, un aventurier sans travail. Or, ce dernier avait pour habitude « d’aller faire ses courses » au Cabinets des Antiques du Louvre, prélevant des statues et des masques phéniciens qu’il offrait à ses amis Apolinaire, Picasso et Marie Laurencin, lesquels en ignoraient, bien sûr, la provenance. Apolinaire et Picasso sont relaxés après avoir éprouvé une belle frayeur. Quant à la Joconde, elle sera retrouvée, en Italie, en 1913 et rendue au Louvre en 1914. Le voleur s’avéra être Vincenzo Perugia, peintre en bâtiment. Il prétexta avoir voulu rendre Monna Lisa à son pays, accusant  la France de l’avoir volée à son pays. Perugia fut condamné à un an et quinze jours d’emprisonnement. Perugia mourut en 1947, dans un petit village de Haute-Savoie. Durant trente-trois ans, il raconta son histoire à ses voisins, en variant les détails, l’enjolivant . Il finit par croire à l’une de ces versions. Il avait volé la Joconde parce qu’elle ressemblait à une jeune fille qu’il avait beaucoup aimée et qui avait péri dans un accident de montagne…

 

Le Sourire de la Joconde

Pour les experts en peinture, La Joconde est le portrait de Lisa, l’épouse d’un négociant en soie, Francesco del Giocondo, lequel en avait passé commande à Leonardo da Vinci. Cette version pourrait bien s’avérer inexacte. En effet, Leonardo, durant l’hiver de 1515-1517, décida de rejoindre le roi de France, François Ier. Il s’installa à Cloux, à proximité d’Amboise, lieu où il acheva sa vie. Leonardo emporta avec lui l’ébauche de la Joconde. S’il s’était agi véritablement d’un portrait de l’épouse du soyeux, il est probable que la toile avait été payée à la commande, comme le voulait l’usage. Dans ce cas, peut-on admettre que le peintre n’ait pas honoré son contrat ?

Curieusement, Maurice Leblanc évoqua la Joconde dans un autre de ses romans : La Comtesse de Cagliostro (1924) , écrivant notamment : « Quelque chose de la Joconde (…) Tant d’expérience dans le regard et d’amertume dans son invariable sourire. » Cette singularité n’est pas la seule que l’on puisse relever dans cet étrange roman. En effet, Maurice Leblanc fit figurer dans son livre un personnage bien réel : Monseigneur de Bonnechose, évêque de Carcassonne, puis archevêque de Rouen, ville natale de l’auteur. Ce fut ce prélat qui baptisa, puis confirma le jeune Maurice Leblanc. Or, Mgr de Bonnechose était natif du Pays de Sault. Autrefois, était établi, sur la rive droite du Rebenty qui traverse cette région, le monastère  de Joucou, nom dont l’étymologie est Jocundo ! Mais il y a encore plus extraordinaire. Mgr de Bonnechose avait pour bras droit l’abbé Félix, Arsène Billard. Autrefois, la mode voulait que le prénom usuel soit placé en second. À sa mort, Arsène Billard fut enseveli, en 1901, en la cathédrale de Carcassonne, site qui contient les reliques d’un saint, douteux, du nom de Lupin. Ainsi, par le plus grand des hasards, Arsène repose à côté de Lupin ! Pour la petite histoire et pour les passionnés de faits étranges, il convient de signaler que Mgr de Bonnechose, puis Mgr Billard, furent les supérieurs hiérarchiques d’un abbé sulfureux, dont les frasques et les dépenses pharaoniques firent couler beaucoup d’encre : Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château. Maurice Leblanc fait référence, entre les lignes, à cette retentissante affaire. Il faut dire qu’il était bien placé pour en connaître les dessous. Son beau-frère, René Renoult était, à l’époque, Ministre de l’Intérieur et des Cultes.

Quant à la Joconde, son mystère demeure. Sans doute s’agit-il d’une toile allégorique, ainsi que le laisse supposer son prénom Lisa. Ce diminutif d’Élisabeth signifie textuellement : « Celle qui tire sa clarté ou sa lumière du soleil », autrement dit… la Lune ! Leonardo da Vinci était coutumier de ce genre de calembours. En effet, on lui doit, également, le très beau portrait de Ginevra da Benci, lequel montre, en arrière plan, et en rappel de son prénom, un genévrier…[1]                                                                                                  

Richard Khaitzine 

   
  [1] Sur la Joconde, lire de Richard Khaitzine « La Joconde, Histoires, énigme et secrets (éditions Le Mercure Dauphinois » Prix : 18 euros
 

 

Richard Khaitzine (France) 
Écrivain, ayant publié une vingtaine de livres consacrés à l’ésotérisme et à son influence dans le domaine des arts. Ouvrages disponibles :
. La Langue des Oiseaux (Dervy)
. Le magnétisme curatif (Dervy)
. De la Parole Voilée à la Parole Perdue (le mythe d’Hiram et de Maître Jacques)
 éditions
Le Mercure Dauphinois
. La Joconde, Histoire, énigme et secrets – éditions
Le Mercure Dauphinois
. Paris, secrets et mystères – éditions
Le Mercure Dauphinois

 

 

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