LE NÉO-CARBONARISME

A.R. Koenigstein

3 - Stratégie

La finalité du néo-carbonarisme est le retour à l'unité de l'être. Son objectif est le renversement du bourgeoisisme comme économisme, politique et représentation du monde. Mais la fractalité de la domination bourgeoise fait que, aujourd'hui, il n'est plus possible de croire que la destruction de l'Etat bourgeois suffira pour désarmer cette bourgeoisie, parce que la capillarité de la diffusion des valeurs de la domination est telle que le bourgeoisisme, comme représentation du monde, réapparaîtrait, même sans la structure répressive policière d'Etat, dans toutes les âmes séparées, sur toutes les lèvres, et dans toutes les classes. C'est pourquoi l'activisme politique carbonariste ne peut se réduire à une simple lutte politique où il faudrait renverser ou s'emparer du parlement. De telle sorte que l'insurgé d'aujourd'hui qui voudrait positionner ses luttes par rapport aux seules structures oppressives politiques ferait une grave erreur. Le coup d'Etat, comme objectif politique du carbonarisme nous renverrait aux illusions de la dictature du prolétariat ou d'une nouvelle aristocratie dont on a vu qu'il ne permet pas de rendre à la société les pratiques ordinaires et coutumières qui sacralisent l'existence et l'orientent vers l'Etre. La destruction de l'Etat, prônée encore aujourd'hui par d'archéo-anarchistes désespérants de bêtise est effectuée, sans bombe ni slogans par les trusts internationaux. Croire donc que le bourgeoisisme sera détruit avec la superstructure d'oppression est une illusion, car le bourgeoisisme travaille lui-même à dissoudre la structure d'Etat républicaine. Mais cette dissolution de l'Etat régulateur du marché pourrait mettre en danger le capitalisme puisqu'il n'y aurait plus cette structure oppressive d'encadrement des opprimés. C'est la raison pour laquelle la guerre politique du néolibéralisme est mené sur deux fronts simultanément : d'une part, détruire l'Etat républicain perçu comme un frein au profit privé, d'autre part dresser les consciences individuelles pour qu'elles intègrent la domination marchande et que cela soit leur seconde nature.

Il est donc vain d'opérer des manouvres militaires qui aspirent à détruire le capitalisme dans sa réalité matérielle et technique en frappant l'Etat bourgeois, sa milice policière ou son encadrement d'entreprise, parce que le contrôle du capitalisme est rentré dans les consciences et que celles-ci, privées de la censure, exerceront sur elles-mêmes l'auto-contrôle qui leur interdira l'accès spontané à la réintégration et à la naissance éternelle. La chose est confirmée par la lutte d'Action Directe qui échoua parce que ces militants voulaient, en tuant quelques individus instrumentalisés par le capitalisme international, éveiller les consciences prolétariennes. Or, ce fut vain, et l'on assista même à des manifestations spontanées de soutien et d'apitoiement des esclaves pour leur maître ! Il faut donc envisager non point des actions militaires terroristes au sens tactique du terme qui voudraient supprimer tel responsable de brigade ou tel banquier ou tel industriel, mais plutôt des actions qui visent à frapper ces consciences asservies. Ce n'est pas tant les maîtres qu'il faut supprimer que les esclaves.

Quoi faire alors, étant entendu que le pouvoir bourgeois n'est pas tant un pouvoir politique qu'une réductions des consciences à leur seule horizontalité ? Il est alors souhaitable d'engager la lutte et la subversion sur les masques et les marques symboliques du pouvoir bourgeois. Les manifestations objectives du pouvoir bourgeois (lutte des classes, système juridique de répression, vidéosurveillance et asservissement du travail) ne sont que les lointaines conséquences de l'extension maximale de sa représentation mentale. La représentation bourgeoise du monde s'est aujourd'hui réalisée et incarnée, elle s'est rendue réelle et concrète par sa mise en spectacle, de telle sorte que s'attaquer aux gouvernants, au monde du travail ou au pouvoir policier, tout cela est condamné à l'échec, puisqu'on s'attaque aux conséquences les plus lointaines et non à l'origine du bourgeoisisme.

Le combat doit donc être mené en direction de la représentation bourgeoise du monde et il est donc d'essence spirituelle et philosophique. Mais comme cette vision du monde est emportée par la densification permanente et son entropie, elle se révèle et se dévoile par et dans sa mise en spectacle et sa représentation symbolique.

La symbolisation permanente du spectacle et de la marchandise, nouvelle hostie de la communion avec le marché, mère du monde, est bien ce vers quoi il faut donc diriger les coups. Il est donc nécessaire d'opérer une attaque frontale en direction des lieux et des centres de symbolisation du bourgeoisisme, et d'y porter des offensives à leur tour spectaculaire.

>>>>>>>>>4 - Tactique
LE NÉO-CARBONARISME
A.'.V.'.C.'.B.'.:: http://www.carbonaria.org/vendas/vendas60.htm
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