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J.C.CABANEL

L'Association ouvrière

Alors que l'Union compagnonnique, avec la Franc-maçonnerie , tombait sous le coup de la loi prohibant les sociétés secrètes et que de nombreux Compagnons allaient être arrêtés, déportés, fusillés, exterminés., l'Association ouvrière a été créée en 1942 par le Compagnon Jean Bernard qui avait su plaider la cause du compagnonnage auprès du maréchal Pétain en faisant valoir qu'il s'inscrivait parfaitement dans la tradition chrétienne et donc dans les valeurs "Travail - Famille - Patrie" prônée par la "révolution nationale". Il est à noter que, en rupture avec la tradition compagnonnique, l'Association ouvrière s'est déclarée. ouvrière et non. compagnonnique et que, malgré ses orientations pétainistes et donc ses revendications religieuses (catholiques) et "nationales", pour ne pas dire nationalistes, elle a échappé à l'épuration de la Libération et qu'elle a même été déclarée d'utilité publique par le gouvernement du général de Gaulle !

L'Association ouvrière est l'organisation compagnonnique la plus hiérarchisée. Elle regroupe les rites de maître Jacques et du père Soubise (1). Avec le temps, elle s'est laïcisée et les Compagnons, qui peuvent appartenir à d'autres religions que la catholique, être athées, membres de partis et/ou de syndicats, n'ont plus l'obligation d'aller à la messe dominicale. Toutefois, du fait de ses origines, à la différence des deux autres organisations compagnonniques, elle continue de se défier de la F . . . M . . . qu'elle considère comme rationaliste et, surtout, anticléricale.

L'Association ouvrière est l'organisation compagnonnique la plus "florissante" car, en plus des cotisations de ses membres et de la taxe d'apprentissage versée par les entreprises, elle perçoit des "rémunérations" au titre de contrats conclus avec le Ministère du Travail. Elle regroupe de nombreux métiers autour de quatre "familles" : le bâtiment, les métaux, les cuirs et plastiques et, enfin, l'alimentation.

L'Association ouvrière est une organisation fortement centralisée. Elle est organisée verticalement en corps d'État, corporations et un collège des métiers et, horizontalement, en "prévôtés".

Au niveau national, l'instance dirigeante est constituée par les "Assises nationales" rassemblant les représentants de chaque corps d'État porteurs d'un nombre de voix proportionnels à l'effectif du groupe, un délégué par corporation et le délégué du collège des métiers et dont les décisions, en principe, sont sans appel.

La "province" est divisée en "prévôtés", couvrant plusieurs départements et administrées par des "Conseils de province", comprenant six membres, dont un président et confiant l'exécution de ses décisions à un "prévôt".

Au siège social se trouve la "maison mère" et en province les "Maisons" - à raison d'une par prévôté - et auxquelles sont annexés un centre de formation et un centre de loisirs. Une Maison est une sorte d'auberge ou de foyer qui accueille les Compagnons lors de leurs voyages ainsi que toutes les manifestations rituelles de l'Association. Chaque Maison est dirigée par une "Mère" qui commence par être "économe", puis "dame hôtesse", la première "Maison" [On notera que le terme traditionnel de "cayenne" n'est pas repris) a été inaugurée le 24 octobre 1943, celle de Lille en 1976.

 

(1) Avec Salomon, fondateurs mythiques du Compagnonnage, chacun d'eux ayant donné naissance à un rite et donc à des devoirs particuliers. Ces "pères" fondateurs sont des personnages composites.

Poésie de J.C.Cabanel

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